2de : Chabert : fiche complète sur La Comédie Humaine

Présentation de la Comédie Humaine

Les œuvres de Balzac se rattachent d’une certaine  façon au romantisme parce qu’elles représentent la totalité de la société. Mais on y trouve surtout une dimension réaliste, grâce aux précisions des descriptions, au style, et à la sévérité de son jugement sur la société.

Le roman balzacien est toujours construit selon le même schéma : -présentation minutieuse et lente,

-crise subite qui déclenche les passions et

-dénouement spectaculaire.

Cette composition traduit une volonté d’expliquer le mouvement de la société. Balzac est autrement dit  » le scribe de son temps  » parce qu’il a capturé tous les détails qui entouraient l’époque de son écriture.

La description balzacienne vise à montrer les relations secrètes entre les hommes et leur milieu : la description du lieu laisse souvent deviner le caractère de l’individu décrit ensuite. Balzac établit entre les hommes et leur environnement des convergences souvent caricaturales et pleines d’ironie.

Balzac représente la totalité de la société : il pénètre toutes les classes sociales et tous les métiers enracinés dans leur environnement. Souvent le pouvoir de l’ancienne aristocratie s’oppose aux puissances sociales nouvelles, comme la presse, la bureaucratie ou la haute finance.

Le but de La Comédie Humaine était d’écrire une histoire de mœurs. Balzac a voulu exposer l’idée que l’humanité est comparable à l’animalité et définir cette idée par l’apparence physique, par les comportements qui montrent les modes de vie, les façons de penser, et la nature morale des individus.

La Comédie Humaine comprend 91 romans, bien que Balzac en avait prévu 137. Il apparait 2209 personnages, dont 515 reviennent dans plusieurs romans à partir du Père Goriot.

Son organisation se distingue en trois plans d’étude :

-analytique,

-philosophique,

-et de mœurs.

Le plan de mœurs se décompose en trois cadres de vie :

-Paris,

-la province,

-la campagne

et en trois types de rapports à la société :

-vie privée,

-vie politique,

-et vie militaire.

Le tout couvre la période 1789-1850 mais peut renvoyer à un passé plus lointain et faire voyager le lecteur en France et en Europe.

La naissance de La Comédie humaine

Pendant dix ans, Balzac va écrire une dizaine de romans.

Les uns ont une orientation philosophique car ils cherchent à expliquer une destinée : La Peau de chagrin (1831), Louis Lambert (1832) et La Recherche de l’absolu (1834) content la quête d’un idéal esthétique, mystique ou scientifique.

Les autres offrent, comme une sorte de contre-point, une analyse détaillée et une description minutieuse d’un milieu et des moeurs : il en est ainsi des Scènes de la vie privée (1830-1832) et d’Eugénie Grandet (1833).

Mais c’est après la rédaction d’Eugénie Grandet et du Père Goriot (1834-1835) que l’oeuvre de Balzac prend toute son ampleur et son unité grâce au principe du retour des personnages :

En effet, des héros apparus dans des romans antérieurs reviennent, ce qui permet de les voir sous divers éclairages et de les suivre dans leur destinée : c’est le moyen pour lui de « relier ses compositions l’une à l’autre de manière à coordonner une histoire complète » (« Avant-propos » de La Comédie humaine).

Ainsi, à la volonté de faire une étude sociale et philosophique s’ajoute celle de créer tout un monde fictif comportant plus de deux mille personnages. C’est la grande idée de Balzac et ce qui donne la cohérence à ce qu’il intitule, en 1841, La Comédie humaine.

Les oeuvres de La Comédie humaine

Balzac propose, à travers La Comédie humaine, un roman digne de « plaire à la fois au poète, au philosophe et aux masses » (« Avant-propos » de La Comédie humaine).

Cette oeuvre titanesque s’organise autour de trois axes :

-Etudes de moeurs au XIXe siècle – ;- dont le but est une analyse détaillée des milieux sociaux -,

-Etudes philosophiques – chargées de mettre au jour les raisons d’une destinée particulière -,

-et Etudes analytiques – qui creusent certains principes régissant la société.

a. Etudes des moeurs

 

Scènes de la vie privée

Mémoires de deux jeunes mariées (1841-1842).

Le Colonel Chabert (1832).

Gobseck (1830).

Le Père Goriot (1834-1835).

 

Scènes de la vie de province

Le Lys dans la vallée (1835-1836).

Eugénie Grandet (1833).

La Rabouilleuse (1841-1842).

La Vieille Fille (1836).

Illusions perdues (1837-1843).

 

Scènes de la vie parisienne

Histoire des treize (1834-1835).

Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau (1837).

La Maison Nucingen (1838).

Splendeurs et Misères des courtisanes (1838-1847).

La Cousine Bette (1846).

Le Cousin Pons (1847).

 

Scènes de la vie politique

Une ténébreuse affaire (1841).

 

Scènes de la vie militaire

Les Chouans ou la Bretagne en 1799 (1829).

 

Scènes de la vie de campagne

Les Paysans (inachevé, 1844 et posth., 1855).

Le Médecin de campagne (1833).

Le Curé de village (1839-1841).

b. Etudes philosophiques

La Peau de chagrin (1831).

Balthazar Claës ou la Recherche de l’absolu (1834).

Louis Lambert (1832).

 

c. Etudes analytiques

Physiologie du mariage ou Méditations de philosophie éclectique sur le bonheur et le malheur conjugal, publiées par un jeune célibataire (1829 et 1834).

 

Balzac, un auteur réaliste

a. Les principes d’une oeuvre réaliste

Balzac, dans son « Avant-propos » de La Comédie humaine, explique son entreprise romanesque : « Il a donc existé, il existera donc de tout temps des Espèces Sociales comme il y a des Espèces Zoologiques. » Il veut y faire une étude des « Espèces Sociales ».

Ainsi, dans ses romans, il offre le tableau de la vie parisienne et provinciale de la Révolution française à la monarchie de Juillet, en scrutant les divers milieux sociaux de l’époque. Il se dit lui-même le « secrétaire » de la « Société française » dans la mesure où il cherche à « faire concurrence à l’Etat Civil », en inventant un monde fictif, fort de plus de deux mille personnages appartenant à toutes les classes sociales de l’époque.

b. L’historien et le critique des moeurs

Le réalisme balzacien repose sur la saisie de l’époque. Le matériel, le quotidien, les faits sociaux deviennent sujets et moteurs de l’intrigue : le romanesque offre alors une peinture fidèle de l’actualité ; c’est en cela qu’il apparaît comme un historien de son époque.

Mais l’oeuvre de Balzac ne se réduit pas à une simple copie du réel : il donne une explication des phénomènes sociaux qu’il décrit, et défend certaines valeurs comme le catholicisme – apte à réfréner les tendances dépravées de l’homme – ou la monarchie – seul régime capable, selon lui, de diriger les masses populaires.

c. Les thèmes de La Comédie humaine

Balzac, dans La Comédie humaine, offre la peinture d’une société dans laquelle il faut lutter :

il montre le drame de personnages qui n’y ont plus leur place – c’est le cas du colonel Chabert -,

de roturiers méprisés par le monde aristocratique qu’ils convoitent – comme Lucien de Rubempré dans Illusions perdues -,

d’aristocrates déclassés – comme Raphaël dans La Peau de chagrin.

Il montre aussi que l’argent est ce qui fait mouvoir le monde au XIXe siècle et que toute passion est destructrice.

Le monde qu’il donne à lire est celui où riment échec et réussite, ascension et décadence.

L’essentiel

Honoré de Balzac est l’auteur d’une des plus grandes oeuvres du XIXe siècle : La Comédie humaine (1830-1848).

Ce cycle romanesque est une peinture minutieuse de la société de son époque et s’inscrit dans le courant réaliste qui triomphe dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

 

2de : Correction QCM Chabert

Correction de contrôle de lecture

1.  » Le colonel Chabert  » aurait pu s’appeler : (0,5)

a. La Transaction (p.52)

b. Scène de la vie parisienne

c. Mémoires d’un fou

2. Un des noms suivants n’est pas un nom de personnage de l’histoire : (0,5)

a. Derville

b. Groslay

c. Delbecq

3. Un  » avoué  » est : (0,5)

a. un notaire

b. un procureur

c. un greffier

4. Un « carrick  » est : (1)

a. une redingote

b. un chapeau

c. un vieux fou

5. Le colonel Chabert a été blessé grièvement : (0,5)

a. au bras ;

b. à la face ;

c. à la tête p. 26

6. Il a été donné pour mort à la bataille : (0,5)

a. d’Eylau

b. d’Iéna ;

c. d’Austerlitz.

7. L’action du livre se passe sous : (1)

a. Napoléon

b. La Restauration

c. les Cent jours

8. Il a fallu à Chabert pour regagner Paris, après sa blessure, plus de : (2)

a. six mois

b. deux ans et demi 6 mois page 30 + 2 ans de déention et demi page 31

c. cinq ans

9. La générosité de Derville se manifeste principalement par : (2)

a. un prêt d’un peu plus de 150 F par mois (50 francs tous les dix jours page 41)

b. un prêt d’environ 2500 F par mois

c. de l’amitié et des paroles réconfortantes.

10. Une de ces propositions est vraie : (1)

a. le Comte Ferraud serait vexé d’apprendre que le premier mari de sa femme est toujours vivant

b. le Comte Ferraud pourrait avoir intérêt à ce que Chabert regagne sa femme ;

c. le Comte Ferraud réagirait avec indifférence face à Chabert ;

d. le Comte Ferraud pourrait tuer Chabert ;

11. L’histoire se déroule (0,5 x – les mauvaises réponses)

a. dans l’étude de l’avoué

b. au faubourg Saint-Marceau p.44 rue du petit banquier

c. rue de Varennes (rue de Varennes page 63)

d dans la vallée de Montmorency (Groslay)

e. à Charenton

12. L’essentiel de l’histoire est concentré en approximativement : (2)

a. deux mois

b. six mois

c. un an

d. trois ans

e. cinq ans

13. L’affaire de Chabert est difficile à plaider parce que : (0,5 x -mauvaise réponse)

a. la Comtesse est de mauvaise foi

b. on jugera innocente la bigamie de la comtesse et son premier mariage peut être déclaré nul (51)

c. son ex-femme est retorse

d. le Comte est un Pair de France très puissant

e. les juges seront achetés.

14. Le Colonel a vexé Louis Vergniaud : (2)

a. en admonestant un de ses enfants ;

b. en tenant des propos inconvenants devant sa femme ;

c. en ayant négligé de l’informer de ses affaires (pourquoi ne m’avez vous pas écrit p. 47

d. en payant ses dettes en cachette (p.58)

15. Diriez-vous de la Comtesse qu’elle est : (0,5x)

a. égoïste

b. ingrate

c. sans cœur

d. avare

e. habile

16. La Comtesse se prénomme : (0,5)

a. Hyacinthe

b. Daphnée

c. Rosine (Rose Chapotel)

d. Louise

17. Delbecq devient : (2)

a. auditeur à la Cour des comptes ;

b. avocat ;

c. l’homme de confiance du Comte (l’intendant)

d. l’amant de la Comtesse ;

e. président d’un tribunal de première instance (p.88)

18. Balzac a écrit Le Colonel Chabert en : (0,5)

a. 1823

b. 1805

c. 1851

d. 1832 (96)

e. 1840

2de : QCM sur Chabert

Nom : ……………………………………. Prénom …………………..     2de ……..

../…../……                                                        NOTE :

 

QCM Le Colonel Chabert d’Honoré de Balzac

Consigne : Vous entourez uniquement la lettre correspondant à la ou les bonnes réponses. Dans certaines questions, plusieurs réponses sont possibles.

1.  » Le colonel Chabert  » aurait pu s’appeler : (0,5)

a. La Transaction ;

b. Scène de la vie parisienne ;

c. Mémoires d’un fou.

 

2. Un des noms suivants n’est pas un nom de personnage de l’histoire : (0,5)

a. Derville ;

b. Groslay ;

c. Delbecq ;

 

3. Un  » avoué  » est : (0,5)

a. un notaire ;

b. un procureur ;

c. un greffier ;

 

4. Un « carrick  » est : (1)

a. une redingote ;

b. un chapeau ;

c. un vieux fou

 

5. Le Colonel Chabert a été blessé grièvement : (0,5)

a. au bras ;

b. à la face ;

c. à la tête ;

 

6. Il a été donné pour mort à la bataille : (0,5)

a. d’Eylau ;

b. d’Iéna ;

c. d’Austerlitz.

 

7. L’action du livre se passe sous : (1)

a. Napoléon ;

b. La Restauration ;

c. les Cent jours .

 

8. Il a fallu à Chabert pour regagner Paris, après sa blessure, plus de : (2)

a. six mois ;

b. deux ans et demi ;

c. cinq ans.

 

9. La générosité de Derville se manifeste principalement par : (2)

a. un prêt d’un peu plus de 150 F par mois ;

b. un prêt d’environ 2500 F par mois

c. de l’amitié et des paroles réconfortantes.

 

10. Une de ces propositions est vraie : (1)

a. le Comte Ferraud serait vexé d’apprendre que le premier mari de sa femme est toujours vivant ;

b. le Comte Ferraud pourrait avoir intérêt à ce que Chabert regagne sa femme ;

c. le Comte Ferraud réagirait avec indifférence face à Chabert ;

d. le Comte Ferraud pourrait tuer Chabert ;

 

11. L’histoire se déroule (0,5)

a. dans l’étude de l’avoué ;

b. au faubourg Saint-Marceau ;

c. rue de Varennes ;

d dans la vallée de Montmorency ;

e. à Charenton.

 

12. L’essentiel de l’histoire est concentré en approximativement : (2)

a. deux mois ;

b. six mois ;

c. un an ;

d. trois ans ;

e. cinq ans.

 

13. L’affaire de Chabert est difficile à plaider parce que : (1)

a. la Comtesse est de mauvaise foi ;

b. on jugera innocente la bigamie de la comtesse et son premier mariage peut être déclaré nul ;

c. son ex-femme est retorse ;

d. le Comte est un Pair de France très puissant ;

e. les juges seront achetés.

 

14. Le Colonel a vexé Louis Vergniaud : (2)

a. en admonestant un de ses enfants ;

b. en tenant des propos inconvenants devant sa femme ;

c. en ayant négligé de l’informer de ses affaires ;

d. en payant ses dettes en cachette ;

 

15. Diriez-vous de la Comtesse qu’elle est : (2)

a. égoïste ;

b. ingrate ;

c. sans cœur ;

d. avare ;

e. habile.

 

16. La Comtesse se prénomme : (0,5)

a. Hyacinthe ;

b. Daphnée ;

c. Rosine ;

d. Louise ;

 

17. Delbecq devient : (2)

a. auditeur à la Cour des comptes ;

b. avocat ;

c. l’homme de confiance du Comte ;

d. l’amant de la Comtesse ;

e. président d’un tribunal de première instance.

 

18. Balzac a écrit Le Colonel Chabert en : (0,5)

a. 1823 ;

b. 1805 ;

c. 1851 ;

d. 1832 ;

e. 1840.

2de et 1ere : fiche : les fonctions de la description

question de synthèse : les Fonctions de la description

Objectifs :

-connaître les principales fonctions de la description

-avoir des « briques » disponibles

1. Fonction ornementale

C’est la fonction la plus ancienne de la description. Son archétype est la célèbre description du bouclier d’Achille, au chant XVIII de L’Iliade. Elle apparaît comme une récréation dans le récit et manifeste la virtuosité rhétorique du poète, qui rivalise avec d’autres arts (dans ce cas l’orfèvrerie et la sculpture). Même si cette fonction est battue en brèche par l’ effort réaliste, elle ne disparaît jamais complètement.

Les grandes fresques de Zola qui décrivent les Halles dans Le Ventre de Paris sont à la fois des documents et des tours de force stylistiques (décrire sans lasser le lecteur, déployer une richesse taxinomique (liée à la classification) tout en conférant un dynamisme à la description). La description moderne ne renonce pas à toute valeur ornementale, comme le montre sa constante référence à la peinture.

2. Fonction expressive

Cette autre fonction de la description apparaît à la fin du XVIIIe siècle avec l’avènement du romantisme. La description ne vaut plus seulement pour elle-même, en tant qu’imitation d’un décor ou d’un paysage. Elle établit une relation entre l’extérieur et l’intérieur, la nature et les sentiments de celui qui la contemple. En décrivant la nature, on cherche à exprimer un « paysage psychique », un « état d’âme »

Un passage des Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau nous en donne une excellente illustration:

« Depuis quelques jours on avait achevé la vendange; les promeneurs de la ville s’étaient déjà retirés; les paysans quittaient les champs jusqu’aux travaux d’hiver. La campagne encore verte et riante, mais défeuillée en partie et déjà presque déserte, offrait partout l’image de la solitude et des approches de l’hiver. Il résultait de son aspect un mélange d’impression douce et triste trop analogue à mon âge et à mon sort pour que je n’en fisse pas l’application. Je me voyais en déclin d’une vie innocente et infortunée, l’âme encore pleine de sentiments vivaces et l’esprit encore orné de quelques fleurs, mais déjà flétries par la tristesse et desséchées par les ennuis. Seul et délaissé, je sentais venir le froid des premières glaces… « 

On voit clairement ici comment la description se dédouble , chaque aspect de la nature devenant métaphore du sentiment intérieur : la douceur triste de la lumière, la flétrissure des fleurs, le froid hivernal constituent les images d’un paysage moral et affectif. La description de la nature prend un tour psychologique.

Dans le texte de Rousseau, c’est l’auteur lui-même qui opère cette traduction psychologique des caractères du paysage. Mais plus tard, et particulièrement au XIXe siècle, la description gardera cette fonction sur un mode beaucoup plus implicite. Un paysage sera l’indice d’une tonalité affective, sans que l’énonciateur ait nécessairement besoin de le souligner ou de le préciser.

3. Fonction symbolique

Plus généralement, on peut parler d’une fonction symbolique de la description, chaque fois qu’elle est utilisée comme signe d’autre chose que ce qu’elle décrit. Ainsi, chez Balzac, la physionomie, l’habillement, l’ameublement et tout l’environnement des personnages révèle leur psychologie et la justifie. Au fondement de cette relation, il y a une théorie implicite du milieu : les êtres sociaux, comme les êtres vivants, sont en adéquation avec le milieu où ils vivent et, par conséquent, sont interprétables à partir de lui. On sait comment, dans Le Père Goriot, Balzac fait de la pension Vauquer le symbole de ses occupants.

Cette fonction symbolique prend parfois une valeur annonciatrice (ou encore proleptique). La description n’est plus alors seulement symbole de significations immédiates, elle préfigure ce qui va advenir du personnage ou de l’action dans la suite du récit. Dans À Rebours de Huysmans, Des Esseintes, le personnage principal se fait livrer des fleurs rares qui sont longuement décrites : beaucoup ont l’allure fantastique et répugnante de chancres syphilitiques. Peu après, Des Esseintes fait un cauchemar au cours duquel il voit apparaître le spectre de la Grande vérole. Et la déchéance physique de Des Esseintes à la fin du roman, atteint d’une « maladie nerveuse » nous est ainsi discrètement expliquée. La « description proleptique » résout donc à sa façon le conflit entre description et narration : au lieu de contrarier le récit, elle le programme.

4. Fonction narrative de la description

La caractérisation de dernière fonction paraît être une contradiction dans les termes puisque nous opposons constamment narration et description. Mais elle renvoie à une « économie narrative » nouvelle où les places respectives de la narration et de la description se trouvent inversées : ce n’est plus la narration qui domine et sert de cadre à des description, c’est la description qui envahit l’espace narratif et nous suggère un récit.

On a assisté à un tel renversement dans certains textes de l’école du Nouveau roman, dans les années 1960. Ainsi, chez Alain Robbe-Grillet, c’est le plus souvent à travers des objets inertes ou des descriptions purement extérieures de personnage que nous est évoqué un récit qui se construit comme une succession d’indices narratifs et d’hypothèses (par exemple dans Les gommes ou La Jalousie). La description se refuse alors à assumer une fonction réaliste. Elle ne cesse de créer et de détruire la réalité à laquelle elle renvoie, en variant, se surchargeant, se contredisant.

Il n’y a pas de descriptif pur. Lorsque la description prend de l’ampleur, elle tend presque inévitablement à se narrativiser.

Les fonctions de la description

(l’auteur décrit avec une intention…) :

On reconnait cinq fonctions à la description :

Informative (fonctions esthétique, mimésique ou référentielle, mathésique ou didactique) :

la description informe sur les qualités de l’espace (romanesque) comme pour faire un tableau et donner ainsi (plus ou moins) l’illusion du réel, voire, pour transmettre un savoir authentique au lecteur.

Narrative (ou sémiosique) :

elle ne sert plus une réalité externe au récit mais une réalité interne au récit : un lieu devient un personnage à part entière ou sert un personnage (par métaphore, comparaison…). Ainsi dans le début et la fin de Bel-Ami, les deux lieux par comparaison montrent l’ascension sociale du personnage « qui a réussi ».

Symbolique :

interne ou externe au récit, la description dit aussi « autre chose ». Le lieu ou l’objet décrit est susceptible de valeurs morales, psychologiques, mythologiques qui s’ajoutent au sens premier de l’œuvre. Ainsi les mouches dans Le Sommeil du monstre (E. Bilal) font partie intégrante du réseau des mouches (ou érinyes) rencontrées chez Sartre, Giraudoux ou Escchyle…

Artificielle (voire « irréférentielle ») :

la description est au service de la seule description ! Elle est là soit pour satisfaire un défi (l’auteur veut réaliser une prouesse d’écriture : l’étal de fromage dans Le Ventre de Paris) ou afin d’enrayer l’illusion référentielle (nouveau roman).

Ainsi les descriptions ne sont jamais gratuites : elles servent à placer le décor (effet de réel) ou, assumée par un personnage, elles donnent des informations sur lui-même et sur sa façon de regarder le monde…

Dès le XIXe siècle « La description n’est plus un énoncé complémentaire de la narration, elle tend à prendre la place de la narration et à se confondre avec le roman qu’elle transforme en étude. »

2de et 1ere : Fiche les fonctions de la description

les fonctions de la description

Objectif :

-Comprendre le rôle d’une description dans le récit.

Parfois considérée comme un moment vide et ennuyeux, la description joue pourtant un rôle important dans le récit qu’elle enrichit ; elle y occupe différentes fonctions.

1. La fonction de narration

La description joue souvent un rôle dans le développement de l’histoire ; on dit qu’elle a une fonction narrative.

a. La description du cadre

Placée en début de récit, elle permet de présenter le cadre de l’action en en faisant découvrir le lieu, l’époque et les personnages.

Elle permet de saisir la personnalité des personnages et d’avoir une vision d’ensemble des objets qui les entourent et des lieux dans lesquels ils évoluent. Ces descriptions sont particulièrement utilisées dans les romans réalistes et naturalistes, dans lesquels l’auteur cherche à reproduire la réalité afin de créer l’illusion du réel.

b. La description des personnages

Au cours du récit, elle est utilisée pour faire connaître les réactions, les sentiments et les émotions des personnages.

c. La description de l’atmosphère

Elle permet de créer une atmosphère, une ambiance particulière (de joie, d’angoisse ou de fête) afin de préparer l’irruption d’un événement ou l’arrivée d’un personnage.

d. La description comme outil de suspense

Enfin, elle peut aussi être utilisée pour retarder l’action afin d’amplifier le suspense dans un moment crucial. Cela se produit surtout dans les romans policiers où le narrateur retarde le moment de la découverte du cadavre par une description (d’un terrain vague par exemple).

2. La fonction de symbole

La description peut symboliser les caractères et les états d’âmes d’un personnage. Les paysages et les lieux sont décrits car ils reflètent l’état d’esprit du personnage. La description a alors une fonction symbolique.

3. La fonction explicative ou informative

La description peut servir à diffuser un savoir ou à donner des explications. En l’utilisant, l’auteur instruit le lecteur, l’informe et lui donne des explications. Elle a alors une fonction explicative ou informative.

4. La fonction d’argumentation

La description est parfois mise au service d’une argumentation, on parle alors de fonction argumentative.

On l’utilise pour défendre une thèse ou une idée en employant un vocabulaire très subjectif, avec des mots à valeur laudative ou péjorative selon le point de vue qu’on soutient.

5. La fonction de poésie et d’esthétique

Enfin, la description a une fonction poétique et esthétique lorsqu’elle traduit une prise de position de l’écrivain dans l’ordre esthétique ; c’est–à–dire le regard d’artiste que porte l’auteur sur le monde.

Ces fonctions ne s’excluent pas entre elles. Au contraire, bien souvent, la description combine plusieurs fonctions en même temps.

L’essentiel

La description est une pause qui joue un rôle fondamental dans le récit.

Elle a ainsi plusieurs fonctions qui, loin de s’exclurent, se combinent : fonction narrative, de symbole, d’explication et d’information, d’argumentation et enfin de poésie et d’esthétique.

2de et 1ere : fiche les fonctions de la description

les Fonctions de la description

Objectifs :

-connaître les principales fonctions de la description

-avoir des « briques » disponibles

1. La fonction narrative

Dire que ladescription a une fonction narrative signifie que la description est utiliséepour décrire un cadre, un personnage, une ambiance. Elle nous présente leslieux, l’époque, le caractère des personnages, l’atmosphère.

Exemple :

« La façade de la pension donne sur un jardinet, en sorte que la maison tombe à angle droit sur la rue Neuve-Sainte-Geneviève, oùvous la voyez coupée dans sa profondeur. Le long de cette façade, entre la maison et le jardinet, règne un cailloutis en cuvette, large d’une toise,devant lequel est une allée sablée, bordée de géraniums, de lauriers-roses et degrenadiers plantés dans de grands vases en faïence bleue et blanche. On entredans cette allée par une porte bâtarde, surmontée d’un écriteau sur lequel est écrit: MAISON-VAUQUER, et dessous: Pensionbourgeoise des deux sexes et autres. » (Extrait du Père Goriot deBalzac.)

2. La fonction symbolique

Dire que ladescription a une fonction symbolique signifie que la description est utilisée pour faire passer au lecteur un message autre que celui de la description. Àtravers la description d’un habillement, l’auteur peut faire passer lapsychologie d’un personnage. En décrivant une ambiance particulière, l’auteur peut laisser entrevoir la suite des évènements ou bien un contexte plusgénéral.

Exemple :

« Lacolère, la faim, ces deux mois de souffrance et cette débandade enragée autravers des fosses avaient allongé en mâchoires de bêtes fauves les facesplacides des houilleurs de Mantsou. À ce moment, lesoleil se couchait, les derniers rayons, d’un pourpre sombre, ensanglantaientla plaine. Alors la route sembla charrier du sang, les femmes, les hommescontinuaient à galoper, saignants comme desbouchers. » (E. Zola)

3. La fonction explicative

La description est explicative lorsqu’elle communique des informations, un savoir sur un objet, une personne, une notion. Elle en donne une image fidèle et précise.

Exemple :

« Une langue est un système de signe slinguistiques vocaux, graphiques ou gestuels qui permet la communication entre individus. »

4. La fonction argumentative

On dit qu’ unedescription a une fonction argumentative lorsque la description est utiliséecomme preuve.

Exemple :

« D’abord la certitude est unecondition essentielle de la découverte et de l’action. Sans elle, les grands découvreurs, les inventeurs de toutes sortes ne seraient jamais arrivés à leursfins. »

5. La fonction poétique

Une description a une fonction poétique lorsqu’elle est basée sur les images poétiques, la musicalité des mots. L’auteur utilise alors beaucoup de figures de style comme la métaphore et la comparaison.

Exemple :

« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,

Et que l’horizon embrassant tout le cercle

Il nous verse un jour plus triste que les nuits ; » (Baudelaire)

2de et 1ere ; incipit et excipit dans le roman

les fonctions de la description

Objectifs :

La description est une forme de discours propre au genre littéraire romanesque.

Elle a cinq fonctions de base :

une fonction purement ornementale, esthétique : elle agrémente le récit,

une fonction narrative qui consiste à ménager une pause dans le rythme du récit,

une fonction explicative : elle nous donne des éléments pour mieux cerner les enjeux de l’histoire ou la psychologie d’un personnage,

une fonction propre à l’esthétique réaliste : créer un « effet de réel »

une fonction métaphorique ou symbolique : elle nous parle d’autre chose…

une fonction subjective : informer du point de vue du narrateur ou de l’un des personnages par le biais des focalisations.

2de – Chabert : Fonctions de la description

les fonctions de la description

La description est une forme de discours propre au genre littéraire romanesque.

Elle a cinq fonctions de base :

une fonction purement ornementale, esthétique : elle agrémente le récit,

une fonction narrative qui consiste à ménager une pause dans le rythme du récit,

une fonction explicative : elle nous donne des éléments pour mieux cerner les enjeux de l’histoire ou la psychologie d’un personnage,

une fonction propre à l’esthétique réaliste : créer un « effet de réel »

une fonction métaphorique ou symbolique : elle nous parle d’autre chose…

une fonction subjective : informer du point de vue du narrateur ou de l’un des personnages par le biais des focalisations.

2de – Chabert : Fonctions de l’incipit

Fonctions de l’incipit

Objectifs :

-connaître les fonctions de l’incipit

-connaître les formes de l’incipit

Le terme  »incipit  » vient du verbe latin « incipire » = commencer. L’incipit sert à désigner le début d’un roman.

I Les fonctions de l’incipit

On peut dégager plusieurs fonctions :

Fonction n° 1 : il a une valeur d’annonce et programme la suite du texte.

En effet, il définit le genre du roman (roman épistolaire, roman réaliste…) et les choix de narration (point de vue, vocabulaire, registre de langue…) de l’auteur.

Fonction n° 2 : il doit accrocher et séduire le lecteur.

L’attention et la curiosité du lecteur doit être stimulée par l’imprévisibilité du récit, l’adresse directe au lecteur, la confrontation de celui-ci à une énigme ou l’entrée d’emblée dans l’intrigue .

Fonction n° 3 : il crée un monde fictif en donnant des informations sur les personnages, le lieu, le temps. Des descriptions intégrées à la narration permettent de répondre aux différentes questions : Où ? Quand ? Qui ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ?

Fonction n°4 : il permet au lecteur de rentrer dans l’histoire en présentant un événement important, ou une scène secondaire qui va éclairer certains aspects de l’intrigue …

II Formes de l’incipit

On distingue 4 formes d’incipit :

L’incipit »statique » :

Très fréquent dans les romans réalistes de Balzac par exemple, il est très informatif. Il décrit avec une très grande précision le décor de l’histoire, les personnages mais aussi le contexte historique, social, politique et économique de l’action. La multitude de détails suspend l’action et met le lecteur en état d’attente.

L’incipit  »progressif’‘ : il distille petit à petit des informations mais ne répond pas à toutes les questions que peut se poser le lecteur.

L’incipit  »dynamique » ou encore « in medias res » :

Il jette le lecteur dans une histoire qui a déjà commencée, sans explication préalable sur la situation, les personnages, le lieu et le moment de l’action. Héritée du genre épique, cette technique, à l’effet dramatique immédiat, est surtout utilisée dans les romans du XXème siècle.

L’incipit  »suspensif » : il donne peu d’informations et cherche à dérouter le lecteur.

2de : Chabert : genre et registre

Synthèse  : Le Colonel Chabert : genre et registre

1. Roman ou nouvelle ?

Il est difficile de savoir si Le Colonel Chabert est un court roman ou une longue nouvelle. Et la question est d’autant plus difficile à trancher que la différence entre ces deux genres littéraires n’est pas clairement délimitée. La différence de longueur entre ces deux genres littéraires n’est pas un critère suffisant et le roman est un genre protéiforme où les auteurs disposent d’une immense liberté.

Le terme de «roman» désigne au Moyen-Âge un récit fictif écrit en langue romane (langue vulgaire, c’est-à-dire parlée par tous). C’est Chrétien de Troyes qui, au XIIe siècle, a écrit le premier ses romans (Yvain ou le Chevalier au lion, Perceval ou le chevalier de la charrette, Lancelot ou le comte du Graal…) dans cette langue, au lieu de les écrire en latin (langue savante) comme c’était l’usage. Par extension, le mot roman a désigné un texte écrit dans cette langue. Il va, avec Chrétien de Troyes, prendre déjà son sens moderne : ses romans sont des récits où se mêlent prouesses et amour et qui retracent l’histoire d’un individu. Celui-ci parcourt le monde pour s’éprouver, se trouver lui-même et comprendre sa place dans l’univers. Par opposition à la nouvelle qui, le plus

souvent, est beaucoup plus courte (certaines peuvent ne comprendre que quelques pages) le roman s’étend sur une certaine durée et met en scène de nombreux personnages vivant dans un contexte historique et socio

culturel précis.

Le colonel Chabert entre parfaitement dans cette définition.La nouvelle apparaît en Italie au XIVe siècle, puis en France au Xve siècle, avec la traduction française, en 1414, du Decameron de Boccace, paru en Italie en 1353. Dans ce recueil de nouvelles, dix personnes, retenues dans un même lieu, se racontent des histoires; après chacune d’entre elles, les personnages discutent entre eux et en commentent le sens. Au XIXe siècle, ce genre littéraire se développe et garde souvent de son origine cette conception de la narration sous forme de conversation, comme le fait Maupassant, grand spécialiste de la nouvelle, dans Boule de Suif, paru dans la revue

Les soirées de Médan, en 1880. Ce développement est lié à celui du journalisme qui faisait paraître en feuilleton des romans (c’est en effet le cas du colonel Chabert). Ce type de parution a favorisé le récit court qu’est la nouvelle. Mais ce bref historique ne résout pas la question : Le Colonel Chabert, roman ou nouvelle ?

En effet, Balzac qualifie Eugénie Grande (1833) de «bonne petite nouvelle» alors que cette œuvre, plus longue que Le colonel Chabert, compte plus de 200 pages. Et Stendhal introduit son long roman La Chartreuse de Parme ainsi : «c’est dans l’hiver de 1830et à trois cents lieues de Paris que cette nouvelle fut écrite».

Il est vrai que Stendhal aime les anglicismes et que, de façon troublante, roman se dit «novel» en anglais. Certes, l’on peut penser que la nouvelle va plus à l’essentiel que le roman, et tourne autour d’une seule intrigue principale: il y a moins de descriptions, moins de digressions. Les personnages sont souvent moins complexes, leur psychologie étant plus sommaire comme le souligne Barbey d’Aurevilly qui écrit que la nouvelle, par rapport au roman, évite les développements psychologiques. À ce titre, l’on peut comparer Le Colonel Chabert à

Colomba de Mérimée (1860) qui renvoie en effet aux mêmes questions : longue nouvelle ou court roman ?

Dans les deux cas, le récit est concentré sur une seule intrigue centrale autour d’un protagoniste éponyme.

Colomba est l’histoire d’une vengeance qui se déroule en Corse. Mais Colomba reste aux yeux du lecteur

mystérieuse et fascinante. Le Colonel Chabert, sans s’éparpiller dans des intrigues secondaires, dresse un tableau de la société parisienne de la Restauration, décrit longuement certains lieux, comme celui où vit le

colonel ou l’étude de Derville. Ainsi, la question n’est pas résolue. Mais, malgré toutes ces difficultés et ces ambiguïtés, nous avons choisi d’utiliser le terme de «roman» pour analyser Le colonel Chabert.

2. Un roman théâtralisé, des registres variés

Cette œuvre emprunte également au genre théâtral: en effet, il y a beaucoup de dialogues, et un assez grand nombre de scènes sont théâtralisées. Comme nous l’avons vu dans l’étude de la structure, nous pouvons

diviser l’œuvre en plusieurs scènes. Chez Derville, l’apparition de Chabert est un coup de théâtre et à Groslay, le colonel entend un dialogue qui ne lui est pas destiné, ce qui est typique d’une scène de théâtre.

La narration joue sur différents registres

: le comique de caricature, dans l’incipit, et le fantastique, avec le portrait effrayant du colonel, au début.

Le personnage du colonel Chabert installe le roman dans un registre pathétique voire tragique. La variété des registres rend le roman plus riche et plus proche de la réalité.