Présentation de la Comédie Humaine
Les œuvres de Balzac se rattachent d’une certaine façon au romantisme parce qu’elles représentent la totalité de la société. Mais on y trouve surtout une dimension réaliste, grâce aux précisions des descriptions, au style, et à la sévérité de son jugement sur la société.
Le roman balzacien est toujours construit selon le même schéma : -présentation minutieuse et lente,
-crise subite qui déclenche les passions et
-dénouement spectaculaire.
Cette composition traduit une volonté d’expliquer le mouvement de la société. Balzac est autrement dit » le scribe de son temps » parce qu’il a capturé tous les détails qui entouraient l’époque de son écriture.
La description balzacienne vise à montrer les relations secrètes entre les hommes et leur milieu : la description du lieu laisse souvent deviner le caractère de l’individu décrit ensuite. Balzac établit entre les hommes et leur environnement des convergences souvent caricaturales et pleines d’ironie.
Balzac représente la totalité de la société : il pénètre toutes les classes sociales et tous les métiers enracinés dans leur environnement. Souvent le pouvoir de l’ancienne aristocratie s’oppose aux puissances sociales nouvelles, comme la presse, la bureaucratie ou la haute finance.
Le but de La Comédie Humaine était d’écrire une histoire de mœurs. Balzac a voulu exposer l’idée que l’humanité est comparable à l’animalité et définir cette idée par l’apparence physique, par les comportements qui montrent les modes de vie, les façons de penser, et la nature morale des individus.
La Comédie Humaine comprend 91 romans, bien que Balzac en avait prévu 137. Il apparait 2209 personnages, dont 515 reviennent dans plusieurs romans à partir du Père Goriot.
Son organisation se distingue en trois plans d’étude :
-analytique,
-philosophique,
-et de mœurs.
Le plan de mœurs se décompose en trois cadres de vie :
-Paris,
-la province,
-la campagne
et en trois types de rapports à la société :
-vie privée,
-vie politique,
-et vie militaire.
Le tout couvre la période 1789-1850 mais peut renvoyer à un passé plus lointain et faire voyager le lecteur en France et en Europe.
La naissance de La Comédie humaine
Pendant dix ans, Balzac va écrire une dizaine de romans.
Les uns ont une orientation philosophique car ils cherchent à expliquer une destinée : La Peau de chagrin (1831), Louis Lambert (1832) et La Recherche de l’absolu (1834) content la quête d’un idéal esthétique, mystique ou scientifique.
Les autres offrent, comme une sorte de contre-point, une analyse détaillée et une description minutieuse d’un milieu et des moeurs : il en est ainsi des Scènes de la vie privée (1830-1832) et d’Eugénie Grandet (1833).
Mais c’est après la rédaction d’Eugénie Grandet et du Père Goriot (1834-1835) que l’oeuvre de Balzac prend toute son ampleur et son unité grâce au principe du retour des personnages :
En effet, des héros apparus dans des romans antérieurs reviennent, ce qui permet de les voir sous divers éclairages et de les suivre dans leur destinée : c’est le moyen pour lui de « relier ses compositions l’une à l’autre de manière à coordonner une histoire complète » (« Avant-propos » de La Comédie humaine).
Ainsi, à la volonté de faire une étude sociale et philosophique s’ajoute celle de créer tout un monde fictif comportant plus de deux mille personnages. C’est la grande idée de Balzac et ce qui donne la cohérence à ce qu’il intitule, en 1841, La Comédie humaine.
Les oeuvres de La Comédie humaine
Balzac propose, à travers La Comédie humaine, un roman digne de « plaire à la fois au poète, au philosophe et aux masses » (« Avant-propos » de La Comédie humaine).
Cette oeuvre titanesque s’organise autour de trois axes :
-Etudes de moeurs au XIXe siècle – ;- dont le but est une analyse détaillée des milieux sociaux -,
-Etudes philosophiques – chargées de mettre au jour les raisons d’une destinée particulière -,
-et Etudes analytiques – qui creusent certains principes régissant la société.
a. Etudes des moeurs
Scènes de la vie privée
Mémoires de deux jeunes mariées (1841-1842).
Le Colonel Chabert (1832).
Gobseck (1830).
Le Père Goriot (1834-1835).
Scènes de la vie de province
Le Lys dans la vallée (1835-1836).
Eugénie Grandet (1833).
La Rabouilleuse (1841-1842).
La Vieille Fille (1836).
Illusions perdues (1837-1843).
Scènes de la vie parisienne
Histoire des treize (1834-1835).
Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau (1837).
La Maison Nucingen (1838).
Splendeurs et Misères des courtisanes (1838-1847).
La Cousine Bette (1846).
Le Cousin Pons (1847).
Scènes de la vie politique
Une ténébreuse affaire (1841).
Scènes de la vie militaire
Les Chouans ou la Bretagne en 1799 (1829).
Scènes de la vie de campagne
Les Paysans (inachevé, 1844 et posth., 1855).
Le Médecin de campagne (1833).
Le Curé de village (1839-1841).
b. Etudes philosophiques
La Peau de chagrin (1831).
Balthazar Claës ou la Recherche de l’absolu (1834).
Louis Lambert (1832).
c. Etudes analytiques
Physiologie du mariage ou Méditations de philosophie éclectique sur le bonheur et le malheur conjugal, publiées par un jeune célibataire (1829 et 1834).
Balzac, un auteur réaliste
a. Les principes d’une oeuvre réaliste
Balzac, dans son « Avant-propos » de La Comédie humaine, explique son entreprise romanesque : « Il a donc existé, il existera donc de tout temps des Espèces Sociales comme il y a des Espèces Zoologiques. » Il veut y faire une étude des « Espèces Sociales ».
Ainsi, dans ses romans, il offre le tableau de la vie parisienne et provinciale de la Révolution française à la monarchie de Juillet, en scrutant les divers milieux sociaux de l’époque. Il se dit lui-même le « secrétaire » de la « Société française » dans la mesure où il cherche à « faire concurrence à l’Etat Civil », en inventant un monde fictif, fort de plus de deux mille personnages appartenant à toutes les classes sociales de l’époque.
b. L’historien et le critique des moeurs
Le réalisme balzacien repose sur la saisie de l’époque. Le matériel, le quotidien, les faits sociaux deviennent sujets et moteurs de l’intrigue : le romanesque offre alors une peinture fidèle de l’actualité ; c’est en cela qu’il apparaît comme un historien de son époque.
Mais l’oeuvre de Balzac ne se réduit pas à une simple copie du réel : il donne une explication des phénomènes sociaux qu’il décrit, et défend certaines valeurs comme le catholicisme – apte à réfréner les tendances dépravées de l’homme – ou la monarchie – seul régime capable, selon lui, de diriger les masses populaires.
c. Les thèmes de La Comédie humaine
Balzac, dans La Comédie humaine, offre la peinture d’une société dans laquelle il faut lutter :
il montre le drame de personnages qui n’y ont plus leur place – c’est le cas du colonel Chabert -,
de roturiers méprisés par le monde aristocratique qu’ils convoitent – comme Lucien de Rubempré dans Illusions perdues -,
d’aristocrates déclassés – comme Raphaël dans La Peau de chagrin.
Il montre aussi que l’argent est ce qui fait mouvoir le monde au XIXe siècle et que toute passion est destructrice.
Le monde qu’il donne à lire est celui où riment échec et réussite, ascension et décadence.
L’essentiel
Honoré de Balzac est l’auteur d’une des plus grandes oeuvres du XIXe siècle : La Comédie humaine (1830-1848).
Ce cycle romanesque est une peinture minutieuse de la société de son époque et s’inscrit dans le courant réaliste qui triomphe dans la deuxième moitié du XIXe siècle.